Avant propos:
Lorsque j'ai rencontré Elodie et Baptiste pour la première fois en 2008, pour parler de leur court métrage "carnets de rêves", leur enthousiasme et la qualité de leur projet m'a tout de suite plu.
Cette entrevue a eu lieu alors qu'aucune production n'était présente ou pressentie. Les ambitions affichées par les deux co-réalisateurs faisaient de ce film "le projet sur lequel il fallait être".
Ancré dans un XIXè siècle onirique, l'histoire est articulée autour d'une ruelle dans laquelle un chanteur, affublé d'une difformité au niveau de la bouche, met en musique les sons présents et traduit les rêves qu'une fille de joie consigne dans des carnets.
C'est à partir de références cinématographiques et de tableaux que le travail de recherche a débuté.
PREPARATION:
Recherches artistiques et iconographiques:
Durant presque une année, au fil de rendez vous sporadiques, j'ai étudié les références données par Baptiste, cherchant tout à la fois à comprendre comment avaient été mis en image les films, et à interpréter les éléments qui plaisaient au réalisateur.
En parallèle, une recherche sur l'éclairage de cette période me permettaient de trouver, en adéquation avec l'équipe de décoration, la justesse tant au niveau des sources praticables (sources dans le champ qui sont autant de justifications des directions et de la qualité de la lumière) que de la colorimétrie de ces dernières.
En effet, dans le Paris de la fin du XIXè siècle, le Baron Haussmann est à l'œuvre et l'électrification de la capitale est en cours. Cependant, les quartiers où se situe le film sont encore éclairés à l'aide de becs à gaz. Bien que le côté onirique du film nous laissait quelques libertés, nous avons opté pour ces derniers pour les extérieurs et pour des lampes à pétrole et des bougies pour les intérieurs.
Parmis les tableaux donnés comme référence par le réalisateur, j'ai remarqué que Rembrandt revenait régulièrement; que ce soit dans son "autoportrait" (image) ou "le philosophe" (image). Deux détails ont retenu mon attention: le modelé du visage avec les traits qui ressortent et l'effet brouillard sans volumétrie (définir) du second tableau, qui n'est pas sans rappeler la technique "Sfumato" utilisée, entre autres, par Léonard de Vinci.
Ensuite, une autre référence était "les enfants du paradis" de Marcel Carné pour le contraste et les directions de lumière marquées.
Par chance, Baptiste étant très bon dessinateur, il avait esquissé quelques croquis d'ambiance qui se sont avérés être autant de pistes supplémentaires de recherche.
Généralement, je travaille à la fois sur les indications du metteur en scène, mais également sur ma vision personnelle du projet et mon interprétation en fonction du scénario, des références et des indices implicites qui ressortent des conversations informelles et des repérages. J'établis ensuite un système de vocabulaire visuel commun à partir des recherches. Par vocabulaire visuel, j'entends la définition de références communes et sur lesquelles nous sommes d'accord. Par exemple, le tableau de Rembrandt "le philosophe" est à la fois contrasté et doux, sans aspérités, sans contours très définis et transitions nettes entre les hautes et basses lumières. Sur d'autres références, ce contraste est beaucoup plus marqué. Il est donc important de se mettre d'accord sur ce que désire le réalisateur et ce qui a retenu son attention dans chaque image.
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